Un homme, un vrai, un tatoué
Île de Pâques, Chili
C’était un peu le truc fou qu’on évoquait régulièrement : quand on ira sur l’Île de Pâques, on se fera tatouer pour immortaliser ce voyage.
Voilà, on y est. Alors, cap’ ou pas cap’ ?
Pour So, le dilemme n’est pas très grand, elle est déjà tatouée et elle en voulait un autre.
Pour moi, c’est moins évident, mais ce sera finalement moi qui déclenchera le truc.
Il y a deux tatoueurs sur l’île de Pâques :
- Hueso, un émigré chilien dont l’atelier est situé au dessus du cyber café dans la rue qui descend de l’église vers la plage
- Tito, un natif de l’île dont l’atelier est situé dans la grande rue qui mène à l’aéroport
Nous voulons de l’authenticité au maximum donc direction Mokomae Tattoos, l’atelier de Tito.
Arrivés sur place, aucun signe de vie, l’atelier semble fermé. On frappe à la porte mais aucune réponse. On fait le tour pour essayer de trouver quelqu’un pour nous renseigner.
Un autochtone nous conseille d’insister un peu, normalement ça devrait être ouvert.
Finalement, oui, il y avait bien quelqu’un, mais on a dû frapper à la porte un petit moment encore.
Nous voilà donc dans la « salle d’attente » où sont exposés quelques uns des tatouages réalisés par Tito.
Son assistante (femme ?, sœur ?) nous amène 6 ou 7 classeurs remplis de modèles. On a l’embarras du choix.
Premier bon point, on sait déjà quelle zone on veut se faire tatouer : le pied pour So, les côtes pour moi.
Oui, je sais, c’est un des endroits les plus douloureux (directement sur les os), mais qui a l’avantage de ne pas se « déformer » suite à des variations de poids (eh oui, grosse réflexion derrière tout ça).
So trouve assez vite un joli motif avec une fleur entourée de « tribal » polynésien.
Moi, je galère un peu plus car il n’y a pas beaucoup de modèles pour cette zone.
So ouvre le bal et Tito sort les armes.
Pistolet, gants, cotons… On a beau être au bout du monde, les règles d’hygiène sont là.
Je regarde, attentif et impressionné par la vitesse d’exécution. So aussi visiblement. En dix minutes, c’est fini.
C’est joli, c’est fin, ça lui plait :)
À mon tour. Malgré la grosse demi-heure passée à feuilleter les classeurs, je n’ai pas vraiment arrêté mon choix.
Finalement, Tito me propose d’improviser un tribal polynésien. Je lui dis « Banco ».
Après quelques retouches de dimensions et de finitions, le pistolet se met en route. Ironiquement, Tito me dit de prier, rapport à la douleur que je vais éprouver.
L’aiguille commence donc son travail et « grave » mon flanc. Ce n’est pas très agréable, mais je m’attendais à pire, vu ce qu’on m’avait dit.
En fait, le pire est arrivé au bout de quelques minutes, et effectivement, ça fait quand même bien mal, même si je n’ai pas de point de comparaison.
Mon corps entier se tend sous la petite aiguille et je trempe le siège de sueur. Ma « virilité » m’empêche de lâcher un cri ou de verser une petite larme.
Au bout d’un grosse demi-heure, le calvaire prend fin.
Un peu de crème, un bout de cellophane et quatre bouts de sparadrap, ça y est, je suis tatoué !